Et voilà, ça y est, c’est la fin de l’année universitaire. Oserais-je m’écrier, enfin ? Oui ! Elle fut belle, captivante, elle se termine avec une monographie publiée et une direction de thèse à l’horizon, et je ne peux pas dire que je me suis ennuyé.
Mais, l’été, au-delà de la canicule, c’est aussi le temps du bouillonnement des idées, des futurs projets, surtout littéraires. Et, pour les nourrir, il y a cette joie qui naît des choses qui ont été accomplies en la matière. J’ai, certes, peu publié de fictions…
… mais, je suis revenu, avec un immense plaisir, pendant que Michael Rheyss fait une sieste, faute d’un coup de pied éditorial pour le faire sortir de sa torpeur, à mes premières amours uchroniques, mêlant égyptologie et figure napoléonienne.

D’une part, avec un texte rédigé pour la belle anthologie de Stéphanie Nicot, « Et si Napoléon… » qui revient sur un épisode célèbre de la légende napoléonienne : la bataille des Pyramides. Je suis régalé, une nouvelle fois, à mêler événements et acteurs historiques et purs fantasmes uchroniques. Il y a dans ce « Mémorial de Philae », une bonne part d’enfance (ce rêve, en découvrant les mythes de l’Égypte des Pharaons », à l’âge de dix ans, d’entrer dans la grande pyramide de Chéops et d’en découvrir tous les secrets), et une envie de donner à ce Napoléon si controversé un destin qui n’aurait pas été ni français, ni même européen. S’il était resté là-bas, en Égypte, qui donc aurait écrit son mémorial, et qu’y aurait-on trouvé dedans ? Des regrets ? Des révélations ? L’idée de départ a germé très vite, et j’ai vu les possibilités qui s’ouvraient de rejoindre l’univers de l’Apopis républicain. Après tout, j’en avais dit assez peu sur la figure du Fondateur, et c’était là l’occasion rêvée. J’ai pris beaucoup de plaisir à l’écrire, à imaginer la scène d’accroche, qui m’a littéralement hanté pendant des semaines.
Je suis particulier fier, par ailleurs, que ce texte soit nommé au prix Rosny 2022.

D’autre part, avec une nouvelle un peu plus longue, publiée chez Armada, sous le titre « Les fils de Monoth », grâce à la complicité de Jérôme Baud, et qui, elle, a une dimension un peu plus personnelle, tout en étant explicitement liée à l’univers de « l’Apopis républicain », mais, cette fois, en aval. « Les fils de Monoth » narre des événements uchroniques qui se situent après le retour des Ramessides sur Terre, retour qui avait été annoncé par la dernière ligne de « l’Apopis républicain ». L’empire s’est effondré, mais la république laïque et égalitaire n’a pas réussi à se maintenir face à l’avance technologique et l’impérialisme des Ramessides. Les anciennes titulatures, ainsi que la totalité du polythéiste égyptien, celui des dieux cynocéphales, à tête de faucon ou d’ibis, a été rétabli. Mais, dans l’ombre, dans les ruelles de la Médina de Fès, un groupe déterminé, les Fils de Monoth, dont les motivations n’ont rien à voir avec les valeurs républicaines et les stratégies maçonniques qui avaient abouti, jadis, à la mort de l’Aiglon, entreprend, par la violence et par la diffusion de textes d’une incroyable ancienneté, de déstabiliser le pouvoir des faux dieux venus de l’espace.
Derrière la thématique religieuse, il y a aussi, dans ce texte particulier, un hommage vibrant à un ami très cher, disparu trop tôt, auteur et libraire à Aix-en-Provence, qui se prénommait Philippe, et dont la gouaille fleurie et les colères bienveillantes me manquent tous les jours.
Je réalise, avec le recul, à quel point les deux textes convoqués ici se complètent bien, et qu’ils me poussent, à revenir à l’univers uchronique qui a accompagné mon entrée véritable dans l’écriture. Il y a encore beaucoup de choses à explorer, à dire vrai… Je vais y réfléchir.
Pour l’heure, à la veille du lever héliaque de Sirius, qui, tous les 19 juillet, marquait le début de l’année égyptienne en même temps, peu ou prou, que la grande crue de Nil qui fertilisait les terres du Double-Royaume, je vous souhaite une bonne saison d’Akhet à toutes et à tous !